Est-il nécessaire de séduire pour convaincre ?

La volonté de convaincre se suffit-elle à elle-même ou doit-elle recourir à des moyens qui lui sont à priori étrangers ? Est-il suffisant d’avoir des preuves, d’avoir raison, de détenir la vérité pour que les autres acceptent mon discours ou faut-il qu’en plus je les persuade, donc que j’use d’un procédé de séduction ? Si la séduction est nécessaire, alors on pourra peut-être parler de défaite de la raison. En revanche, si la raison est suffisante, alors mon discours peut être abscons, abstrait, sans fioritures ; les autres se plieront nécessairement à ce que je dis. La question concerne notre relation aux autres hommes. On pourrait aussi se demander si le recours à la séduction n’annule pas toute démarche de conviction. Dès lors, on ne convainc plus, on persuade et ce n’est pas du tout la même chose. Qu’est-ce que convaincre quelqu’un ? C’est l’amener à reconnaître, par un discours qui expose des preuves ou des raisons, la vérité d’une proposition, d’une affirmation. Ce qui suppose, d’une part, que celui qu’on cherche à convaincre est, immédiatement au moins, en désaccord avec nous, sans quoi il ne serait pas nécessaire de le convaincre, et, d’autre part, qu’on ait raison puisque convaincre, c’est faire admettre qu’on a raison. Il ne faut pas confondre persuader et convaincre : persuader n’est pas faire reconnaître la vérité d’une proposition ou d’un fait, mais faire croire quelque chose. La séduction relève plus alors d’une démarche de persuasion, car elle fait appel non à la raison mais au sentiment, à la sensibilité. En quel sens donc est-il nécessaire de recourir au sentiment pour amener quelqu’un à reconnaître la vérité et la raison de mes arguments ? N’est-ce pas contradictoire de le faire ? Peut-on convaincre sans séduire ? S’agit- il alors encore de convaincre ?

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